Conférence sur la
problématique de l’eau
Première d’une
série de plusieurs, cette conférence sur
la problématique de l’eau inaugure la saison d’implémentation, initiée par
l’IUG afin d’apporter sa contribution
aux objectifs du millénaire et de développement OMD à l’horizon 2035 que prône
le chef de l’Etat du Cameroun. Les problèmes d’eau dans notre pays nous
concernent tous à tous les niveaux.
L’eau c’est la vie
dit-on, alors chacun doit pouvoir en avoir pour ses besoins surtout que celle-ci
soit potable. Cette graine semée va
germer. Annonce et rassure d’emblée le Président de l’IUG, Louis Marie Djambou.
L’enseignant en
ingénierie financière, Jean Marc Alauzet, agrégé d’économie est celui qui en
collaboration avec l’IUG, ouvre cette série de conférence sur la problématique de l’eau dans un pays qui
éprouve d’énormes difficultés dans le domaine. Avec une vision d’universitaire
et d’homme de terrain car le professeur compte plusieurs casquettes à son arc,
membre de l’observatoire de l’eau à Montpellier, maire adjoint de la commune de
Fabregues, président du syndicat de l’eau du Bas Languedoc, commune qui gère une
assez importante aune de la mer
méditerranée, il est également enseignant à l’IUg évidemment.
Etat des lieux de
l’eau dans le monde, quatre milliards d’habitants viendraient à manquer de
l’eau d’ici 2030. 60% des besoins seront couverts par l’eau douce. Au Cameroun,
2/3 n’ont pas accès à ‘eau potable, 1/3 a accès à l’eau de canalisation. Les
nappes souterraines sont souvent contaminées
par la proximité des latrines. Le changement climatique y est pour beaucoup et souffre
de l’activité humaine débordante qui ne protège pas assez l’environnement.
L’accès et la
gestion de l’eau dépendent ainsi de plusieurs facteurs dont il est important de
comprendre les mécanismes afin d’offrir aux populations une eau de qualité.
Selon
l’expert Alauzet, on a assez de matière première car les glacières fondent et
le niveau de l’eau augmente dans les océans et les mers. Cette eau si abondance sur terre, représente 1380 millions de km3. L'essentiel
toutefois est constitué d'eau de mer (97,2 %) et de glace (2,15 %)
inutilisables directement. L'eau douce, facilement disponible (lacs, fleuves,
certaines eaux souterraines), ne représente que 0,07 % de la ressource
totale soit environ un million de km3. Mais la répartition de cette eau est
très inégale comme le monde. En effet, dix pays se partagent 60 % des
réserves d'eau douce et environ trente autres principalement en Afrique et au
Moyen-Orient, sont au contraire confrontés à une pénurie chronique d'eau douce.
Dans ces pays, selon le Water Ressources Institute, 250 millions d'individus,
ne disposent pas aujourd'hui du minimum vital d'eau défini à 1000 m3 par
habitant et par an. 400 millions de personnes vivent en situation de stress
hydrique, estimé entre 1000 et 2000 m3 par habitant et par an. Et on estime que
2,5 milliards de personnes pourraient souffrir du manque d'eau en 2050
compte-tenu de l'évolution de la démographie et de l'augmentation des
consommations d'eau.
Pour faire face à cette pénurie annoncée d'eau, de
nouvelles techniques de production d'eau potable devront être mises en place
pour satisfaire les besoins de la population croissante. Une des techniques
prometteuses pour certains pays est le dessalement de l'eau de mer. Déjà opérationnelles
mais onéreuses depuis de nombreuses années. L’utilisation de ces techniques se limite
souvent aux pays riches. Cependant, la capacité des usines de dessalement s'est
fortement accrue et les coûts de production par ricochet ont connu une forte
diminution.
Jean Marc Alauzet fait partie de ces experts qui ont réussi l’exploit de
transformer l’eau de la Mer Méditerranée en eau potable pour la région du Bas
Languedoc en France. Quels sont ces longs processus que doit subir l’eau de mer
assez salée pour être potable donc utile à l’homme. Rappelons que le pH moyen
des eaux de mer varie entre 7,5 et 8,4. /.
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Transport – Production
Mécanismes de dessalement
L'eau est la
source principale et originelle de toute vie. Elle se présente, dans la nature,
sous trois états :
- Solide : neige et glace.
- Liquide : eau chimiquement pure ou chargée en
solutés.
- Gazeux : à différents degrés de pression et de
saturation
Il
existe plusieurs techniques qui peuvent être utilisées pour le dessalement de
l'eau. On peut citer L'osmose inverse, l'électrodialyse et la distillation
Compte tenu des moyens financiers réduits, on s’intéressera plus à
l'Osmose inverse qui est le procédé le plus économique pour l'eau de mer.
Lorsqu'on compare ce procédé au procédé thermique traditionnel, la
distillation, les coûts d'investissement et la consommation d'énergie sont
beaucoup plus faible. L'osmose est un phénomène naturel, sans lequel la vie
serait impossible. Rappelons-nous, dans notre corps, nos reins purifient le
sang grâce à l'osmose. C’est également par
ce procédé que les plantes absorbent les nutriments du sol. Il s’agit, pour dessaler l'eau de mer, de créer un flux à travers une membrane, qui
entrainerait l'eau du côté salé vers le côté non salé. Pour atteindre ceci, on
doit appliquer une pression au-dessus de la colonne d'eau salée, pour contrebalancer
la pression osmotique naturelle et pour pousser l'eau à travers la membrane. La
pression appliquée doit donc être supérieure à la pression osmotique. Ceci est d'environ 50-60 bars.
Ceci passe par les 4 étapes :
Ceci passe par les 4 étapes :
·
une prise d'eau de mer avec une pompe
et une filtration grossière,
·
un prétraitement avec une filtration
plus fine, l'addition de composés,
·
le procédé de dessalement lui-même,
·
le post-traitement avec une
éventuelle reminéralisation de l'eau produite.
Pour faire simple, l'osmose inverse est un procédé de
séparation de l'eau et des sels dissous au moyen de membranes semi-perméables
sous l'action de la pression.
Transport de l’eau
Figure 1. Principe
de l'osmose et de l'osmose inverse
|
Lors de l'osmose inverse la membrane
se polarise et se concentre. L'eau non filtrée est appelée rétentat tandis que
l'eau qui a traversé la membrane est appelée perméat.
Dans les
procédés de distillation, il s'agit de chauffer l'eau de mer pour en vaporiser
une partie. La vapeur ainsi produite ne contient pas de sels, il suffit alors
de condenser cette vapeur pour obtenir de l'eau douce liquide. L'inconvénient
majeur de la distillation est sa consommation énergétique importante.
La question de la disponibilité et d'accès à l'eau est sans aucun doute un
des problèmes majeurs auquel devra faire face l'humanité durant le siècle à
venir. Les objectifs du millénaire passent par ce transport et traitement de
l’eau de mer en eau pure pour subvenir aux besoins des populations. L’heure
n’étant plus au discours, il convient à chaque nation de penser aussi à faire
varier les sources d’approvisionnement, par exemple l’option des forages n’est
pas à négliger.
Autre défi à faire face, c’est les modes de gestion. Toutefois, une
panoplie de système s’offre à l’humanité, citons la régie, la délégation, la
concession, l’affermage, la société anonyme, la société d’économie mixte...Etc.
Dans les sociétés dites développées, l’on est déjà passé à la télé relève
des compteurs d’eau, c’est-à-dire par l’outil informatique.
En Afrique on est encore à la recherche des moyens pour faire venir l’eau
de mer dans des usines de dessalement virtuelles. Le Cameroun en réalité a une
petite avance en la matière. /.
Yato
C’est l’usine de traitement
d’eau potable construite et mise en
service, en juin 2010 à Yato, au
bord du fleuve Moungo dans l’arrondissement de Dibombari, département du Moungo (région du Littoral). Cette station devrait augmenter la production de 105.000 à 180.000 mètres
cubes par jour.
Elle a été construite par le groupe chinois CGCOC. Cet Aqueduc sur le fleuve Wouri renforce le réseau d’adduction et permet un important transfert
de l’eau potable vers tous les pôles de consommation. Le pont-tuyau est
l’aboutissement de ces travaux de grande envergure, qui auront le mérite
d’éradiquer considérablement les pénuries d’eau dans la ville de Douala. Ce
chef d’œuvre architectural d’une longueur de 450 mètres est la voie de passage
de l’eau potable produite par l’usine de Yato. Il permet de canaliser environ 150 000 m3/jour issus de l’usine
adossée sur le fleuve Moungo vers la ville de Douala.
L’objectif final est de porter à 60 % le
taux d’accès à l’eau potable qui n’était que de 30% avant cet ouvrage de
franchissement.
H. Payong
Interview
Trois
questions à ….
LMD
Pourquoi
cette conférence sur la problématique de l’eau ?
Est-ce que la projection pour 2035 que prône le président
Biya sera-t-elle atteinte
ou perturbée par les problèmes de l’eau !
L’IUG dans sa démarche internationale a décidé d’organiser
cette conférence sur la problématique de
l’eau pour partager les expériences, et voir comment à partir de ces dernières améliorer chez nous.
Pendant la conférence,
nous avons compris que la quantité d’eau diminue malgré la fonte des glaces qui
augmente le niveau d’eau dans les océans et les mers mais, hélas c’est une eau
non consommable. Alors comment la rendre potable pour les milliards d’individus
qui peuplent notre planète ? Nous avons les Objectifs du Millénaire de
Développement (OMD) à atteindre d’ici à
2035.
Belle initiative que cette conférence, mais elle aurait dû s’adresser aux élus locaux et
nationaux comme les maires, députés et sénateurs qui sont sensés porter de tels
projets pour améliorer la vie de leurs communautés de compétence ?
L’eau c’est la vie alors chacun doit pouvoir en avoir pour
ses besoins surtout qu’elle soit potable. On a eu en salle un maire celui de Dla
3è, des acteurs évoluant dans le secteur de l’eau, des ingénieurs de camwater
et des représentants ; cette graine semée va germer. Nous sommes certains
que ces échanges avec l’expert venu de France ne resteront pas au niveau des
mots et des diaporamas. On saura en tirer profit, nous en avons besoin.
Ce processus ne se fait
pas en un temps record ? Vous allez pérenniser ces actions-là ?
C’est une série de conférence que nous mettons sur pied pour
aborder les problèmes qui nous concernent. Il faut bien commencer quelque part.
Des rencontres suivront avec des thèmes diversifiés et différents. Ceci n’a
rien à voir avec les formations délivrées dans notre institution. On n’a pas de
filière hydro mais on observe notre quotidien et tend à apporter notre modeste pierre
à la résolution des maux. Si les expériences et la technologie appliquées
ailleurs peuvent être transposées ou transférées chez nous de quelque manière
que ce soit, nous en serons que très
heureux de contribuer à la réalisation et l’amélioration du quotidien des populations.
Et participer à l’atteinte des objectifs de 2035 chers au président de la
République.
Jean Marc Alauzet, agrégé en Economie et Gestion,
président du syndicat de l’eau (Languedoc, France).
photo
Que peut-on tirer de
votre exposé ?
En tant qu’enseignant
en ingénierie financière, j’ai l’expérience de la problématique de l’eau. Nous
avons éprouvé dans ma région en France, d’énormes difficultés dans le domaine. J’ai
une vision d’universitaire et d’homme de terrain aussi car je gère un syndicat de commune assez important ayant
un rapport avec l’eau de la mer méditerranée.
Quel rapport vu la
qualité de l’eau consommée ici ?
Le but c’est d’apporter mon expérience, si cela peut donner
l’idée aux gestionnaires d’ici, il est vrai on ne peut pas transposer
facilement le schéma français au schéma camerounais. Nous avons vu ce que peut
faire le partenariat Cam water/ CDE/Etat, avec le projet Yato. Il faut des années pour mettre en route un
projet et des grands moyens financiers. L’idéal pour le Cameroun, c’est le
partenariat privé/public, pour trouver des compétences et des financements dans
le privé. Ensuite avoir le contrôle strict
des collectivités pour la gestion de l’eau.
Le transfert de
technologie n’est –il pas préférable ?
Naturellement, je suis ouvert à toutes les visites de
camerounais sur mon secteur, il y a des usines d’installation à visiter, il
faut échanger, c’est important et primordial d’apprendre les uns des autres.
Nous avons un peu d’avance parce qu’on a investi avant vous mais vous allez
rattraper le retard. Avec la nouvelle structure mise en place pour la gestion
de l’eau potable. On peut dire que tout est possible et permis, il suffit de le
vouloir.
Les collectivités dans
tout ça, on a vu dans la salle un maire présent celui de Douala 3è, ne faut-il
pas densifier la coopération entre votre région et cette commune par exemple
afin d’améliorer la qualité de l’eau ?
L’initiative de l’IUG à savoir faire une conférence sur cette
problématique car j’ai une grande expérience en la gestion, est d’apporter des
solutions à ce cas particulier que traverse le Cameroun. On met aussi en valeur
l’IUG dont je suis enseignant et qui s’intéresse à cette problématique de l’eau
potable et tient à y apporter quelque chose pour l’amélioration de la qualité
de l’eau. C’est très appréciable et on souhaite un effet d’entrainement.
H.Payong