jeudi 29 juin 2017

Objectif du Millénaire: EAU POTABLE



Conférence sur la problématique de l’eau

Première d’une série de plusieurs, cette  conférence sur la problématique de l’eau inaugure la saison d’implémentation, initiée par l’IUG afin d’apporter  sa contribution aux objectifs du millénaire et de développement OMD à l’horizon 2035 que prône le chef de l’Etat du Cameroun. Les problèmes d’eau dans notre pays nous concernent tous à tous les niveaux.
L’eau c’est la vie dit-on, alors chacun doit pouvoir en avoir pour ses besoins surtout que celle-ci soit potable.  Cette graine semée va germer. Annonce et rassure d’emblée le Président de l’IUG, Louis Marie Djambou.
L’enseignant en ingénierie financière, Jean Marc Alauzet, agrégé d’économie est celui qui en collaboration avec l’IUG, ouvre cette série de conférence sur la  problématique de l’eau dans un pays qui éprouve d’énormes difficultés dans le domaine. Avec une vision d’universitaire et d’homme de terrain car le professeur compte plusieurs casquettes à son arc, membre de l’observatoire de l’eau à Montpellier, maire adjoint de la commune de Fabregues, président du syndicat de l’eau du Bas Languedoc, commune qui gère une assez importante aune  de la mer méditerranée, il est également enseignant à l’IUg évidemment.
Etat des lieux de l’eau dans le monde, quatre milliards d’habitants viendraient à manquer de l’eau d’ici 2030. 60% des besoins seront couverts par l’eau douce. Au Cameroun, 2/3 n’ont pas accès à ‘eau potable, 1/3 a accès à l’eau de canalisation. Les nappes souterraines sont  souvent contaminées par la proximité des latrines. Le changement climatique y est pour beaucoup et souffre de l’activité humaine débordante qui ne protège pas assez l’environnement.
L’accès et la gestion de l’eau dépendent ainsi de plusieurs facteurs dont il est important de comprendre les mécanismes afin d’offrir aux populations une eau de qualité.
Selon l’expert Alauzet, on a assez de matière première car les glacières fondent et le niveau de l’eau augmente dans les océans et les mers. Cette  eau si abondance sur terre,  représente 1380 millions de km3. L'essentiel toutefois est constitué d'eau de mer (97,2 %) et de glace (2,15 %) inutilisables directement. L'eau douce, facilement disponible (lacs, fleuves, certaines eaux souterraines), ne représente que 0,07 % de la ressource totale soit environ un million de km3. Mais la répartition de cette eau est très inégale comme le monde. En effet, dix pays se partagent 60 % des réserves d'eau douce et environ trente autres principalement en Afrique et au Moyen-Orient, sont au contraire confrontés à une pénurie chronique d'eau douce. Dans ces pays, selon le Water Ressources Institute, 250 millions d'individus, ne disposent pas aujourd'hui du minimum vital d'eau défini à 1000 m3 par habitant et par an. 400 millions de personnes vivent en situation de stress hydrique, estimé entre 1000 et 2000 m3 par habitant et par an. Et on estime que 2,5 milliards de personnes pourraient souffrir du manque d'eau en 2050 compte-tenu de l'évolution de la démographie et de l'augmentation des consommations d'eau.
Pour faire face à cette pénurie annoncée d'eau, de nouvelles techniques de production d'eau potable devront être mises en place pour satisfaire les besoins de la population croissante. Une des techniques prometteuses pour certains pays est le dessalement de l'eau de mer. Déjà opérationnelles mais onéreuses depuis de nombreuses années.  L’utilisation de ces techniques se limite souvent aux pays riches. Cependant, la capacité des usines de dessalement s'est fortement accrue et les coûts de production par ricochet ont connu une forte diminution.
Jean Marc Alauzet fait partie de ces experts qui ont réussi l’exploit de transformer l’eau de la Mer Méditerranée en eau potable pour la région du Bas Languedoc en France. Quels sont ces longs processus que doit subir l’eau de mer assez salée pour être potable donc utile à l’homme. Rappelons que le pH moyen des eaux de mer varie entre 7,5 et 8,4. /.
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Transport – Production
Mécanismes de dessalement
http://echo2.epfl.ch/e-drologie/images/minigoutte.jpgL'eau est la source principale et originelle de toute vie. Elle se présente, dans la nature, sous trois états :
  • Solide : neige et glace.
  • Liquide : eau chimiquement pure ou chargée en solutés.
  • Gazeux : à différents degrés de pression et de saturation
Il existe plusieurs techniques qui peuvent être utilisées pour le dessalement de l'eau. On peut citer L'osmose inverse, l'électrodialyse et la distillation
Compte tenu des moyens financiers réduits, on s’intéressera plus à l'Osmose inverse qui est le procédé le plus économique pour l'eau de mer. Lorsqu'on compare ce procédé au procédé thermique traditionnel, la distillation, les coûts d'investissement et la consommation d'énergie sont beaucoup plus faible. L'osmose est un phénomène naturel, sans lequel la vie serait impossible. Rappelons-nous, dans notre corps, nos reins purifient le sang grâce à l'osmose. C’est également par  ce procédé que les plantes absorbent les nutriments du sol.  Il s’agit, pour dessaler l'eau de mer,  de créer un flux à travers une membrane, qui entrainerait l'eau du côté salé vers le côté non salé. Pour atteindre ceci, on doit appliquer une pression au-dessus de la colonne d'eau salée, pour contrebalancer la pression osmotique naturelle et pour pousser l'eau à travers la membrane. La pression appliquée doit donc être supérieure à la pression osmotique. Ceci est d'environ 50-60 bars. 
Ceci passe par les 4 étapes :
·         une prise d'eau de mer avec une pompe et une filtration grossière,
·         un prétraitement avec une filtration plus fine, l'addition de composés,
·         le procédé de dessalement lui-même,
·         le post-traitement avec une éventuelle reminéralisation de l'eau produite.
Pour faire simple, l'osmose inverse est un procédé de séparation de l'eau et des sels dissous au moyen de membranes semi-perméables sous l'action de la pression.

Transport de l’eau
Éléments constitutifs d'une unité d'osmose inverse

Figure 1. Principe de l'osmose et de l'osmose inverse

Principe de l'osmose et de l'osmose inverse


Lors de l'osmose inverse la membrane se polarise et se concentre. L'eau non filtrée est appelée rétentat tandis que l'eau qui a traversé la membrane est appelée perméat.

Dans les procédés de distillation, il s'agit de chauffer l'eau de mer pour en vaporiser une partie. La vapeur ainsi produite ne contient pas de sels, il suffit alors de condenser cette vapeur pour obtenir de l'eau douce liquide. L'inconvénient majeur de la distillation est sa consommation énergétique importante.
La question de la disponibilité et d'accès à l'eau est sans aucun doute un des problèmes majeurs auquel devra faire face l'humanité durant le siècle à venir. Les objectifs du millénaire passent par ce transport et traitement de l’eau de mer en eau pure pour subvenir aux besoins des populations. L’heure n’étant plus au discours, il convient à chaque nation de penser aussi à faire varier les sources d’approvisionnement, par exemple l’option des forages n’est pas à négliger.
Autre défi à faire face, c’est les modes de gestion. Toutefois, une panoplie de système s’offre à l’humanité, citons la régie, la délégation, la concession, l’affermage, la société anonyme, la société d’économie  mixte...Etc.
Dans les sociétés dites développées, l’on est déjà passé à la télé relève des compteurs d’eau, c’est-à-dire par l’outil informatique.
En Afrique on est encore à la recherche des moyens pour faire venir l’eau de mer dans des usines de dessalement virtuelles. Le Cameroun en réalité a une petite avance en la matière. /.

Yato
C’est  l’usine de traitement d’eau potable construite et  mise en service, en juin 2010 à  Yato, au bord du fleuve Moungo dans l’arrondissement de Dibombari, département du Moungo (région du Littoral). Cette station devrait augmenter la production de 105.000 à 180.000 mètres cubes par jour.
Elle a été construite par le groupe chinois CGCOC. Cet Aqueduc sur le fleuve Wouri renforce le réseau d’adduction et permet un important transfert  de l’eau potable vers tous les pôles de consommation. Le pont-tuyau est l’aboutissement de ces travaux de grande envergure, qui auront le mérite d’éradiquer considérablement les pénuries d’eau dans la ville de Douala. Ce chef d’œuvre architectural d’une longueur de 450 mètres est la voie de passage de l’eau potable produite par l’usine de Yato. Il permet de canaliser environ 150 000 m3/jour issus de l’usine adossée sur le fleuve Moungo vers la ville de Douala.
L’objectif  final est de porter à 60 % le taux d’accès à l’eau potable qui n’était que de 30% avant cet ouvrage de franchissement.

                                                                                                                                                             H.  Payong


Interview
Trois questions à ….

LMD


Pourquoi cette conférence sur la problématique de l’eau ?
Est-ce que la projection pour 2035 que prône le président Biya sera-t-elle atteinte ou perturbée par les problèmes de l’eau !
L’IUG dans sa démarche internationale a décidé d’organiser cette conférence  sur la problématique de l’eau pour partager les expériences, et voir comment  à partir de ces dernières  améliorer chez nous. Pendant la conférence, nous avons compris que la quantité d’eau diminue malgré la fonte des glaces qui augmente le niveau d’eau dans les océans et les mers mais, hélas c’est une eau non consommable. Alors comment la rendre potable pour les milliards d’individus qui peuplent notre planète ? Nous avons les Objectifs du Millénaire de Développement (OMD) à atteindre d’ici à  2035. 
 
Belle initiative que cette conférence, mais elle  aurait dû s’adresser aux élus locaux et nationaux comme les maires, députés et sénateurs qui sont sensés porter de tels projets pour améliorer la vie de leurs communautés de compétence ?
L’eau c’est la vie alors chacun doit pouvoir en avoir pour ses besoins surtout qu’elle soit potable. On a eu en salle un maire celui de Dla 3è, des acteurs évoluant dans le secteur de l’eau, des ingénieurs de camwater et des représentants ; cette graine semée va germer. Nous sommes certains que ces échanges avec l’expert venu de France ne resteront pas au niveau des mots et des diaporamas. On saura en tirer profit, nous en avons besoin.

Ce processus ne se fait pas en un temps record ? Vous allez pérenniser ces actions-là ?
C’est une série de conférence que nous mettons sur pied pour aborder les problèmes qui nous concernent. Il faut bien commencer quelque part. Des rencontres suivront avec des thèmes diversifiés et différents. Ceci n’a rien à voir avec les formations délivrées dans notre institution. On n’a pas de filière hydro mais on observe notre quotidien et tend à apporter notre modeste pierre à la résolution des maux. Si les expériences et la technologie appliquées ailleurs peuvent être transposées ou transférées chez nous de quelque manière que ce soit,  nous en serons que très heureux de contribuer à la réalisation et  l’amélioration du quotidien des populations. Et participer à l’atteinte des objectifs de 2035 chers au président de la République.



Jean Marc  Alauzet, agrégé en Economie et Gestion, président du syndicat de l’eau (Languedoc, France).
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Que peut-on tirer de votre exposé ?
En tant qu’enseignant en ingénierie financière, j’ai l’expérience de la problématique de l’eau. Nous avons éprouvé dans ma région en France,  d’énormes difficultés dans le domaine. J’ai une vision d’universitaire et d’homme de terrain aussi car je gère  un syndicat de commune assez important ayant un rapport avec l’eau de la mer méditerranée.

Quel rapport vu la qualité de l’eau consommée ici ?
Le but c’est d’apporter mon expérience, si cela peut donner l’idée aux gestionnaires d’ici, il est vrai on ne peut pas transposer facilement le schéma français au schéma camerounais. Nous avons vu ce que peut faire le partenariat Cam water/ CDE/Etat, avec le projet Yato.  Il faut des années pour mettre en route un projet et des grands moyens financiers. L’idéal pour le Cameroun, c’est le partenariat privé/public, pour trouver des compétences et des financements dans le privé. Ensuite avoir le contrôle strict  des collectivités pour la gestion de l’eau.

Le transfert de technologie n’est –il  pas préférable ?
Naturellement, je suis ouvert à toutes les visites de camerounais sur mon secteur, il y a des usines d’installation à visiter, il faut échanger, c’est important et primordial d’apprendre les uns des autres. Nous avons un peu d’avance parce qu’on a investi avant vous mais vous allez rattraper le retard. Avec la nouvelle structure mise en place pour la gestion de l’eau potable. On peut dire que tout est possible et permis, il suffit de le vouloir.

Les collectivités dans tout ça, on a vu dans la salle un maire présent celui de Douala 3è, ne faut-il pas densifier la coopération entre votre région et cette commune par exemple afin d’améliorer la qualité de l’eau ?
L’initiative de l’IUG à savoir faire une conférence sur cette problématique car j’ai une grande expérience en la gestion, est d’apporter des solutions à ce cas particulier que traverse le Cameroun. On met aussi en valeur l’IUG dont je suis enseignant et qui s’intéresse à cette problématique de l’eau potable et tient à y apporter quelque chose pour l’amélioration de la qualité de l’eau. C’est très appréciable et on souhaite un effet d’entrainement.

H.Payong